Un jeu façon Animal Crossing débarque sur PS5
Développé de façon indépendante et sans lien avec Nintendo, Anime Village Online propose d’emblée un univers coloré et convivial qui évoque fortement l’ambiance du titre culte de la Switch.
Dès le premier coup d’œil, la ressemblance visuelle est frappante. L’image promotionnelle du jeu montre un personnage à l’esthétique cartoon en train de sauter dans un paysage bucolique composé de collines arrondies, de sapins verdoyants et de fleurs jaunes – une scène qui pourrait aisément être confondue avec une capture d’écran d’Animal Crossing: New Horizons. Ce parti pris artistique cosy et naïf ne fait qu’accentuer l’impression de se trouver devant un clone non-officiel du jeu de Nintendo.
Gameplay et mécanique : une ressemblance troublante
Au-delà de l’esthétique, Anime Village Online reprend de nombreuses mécaniques de gameplay emblématiques d’Animal Crossing. D’après la description figurant sur sa fiche PS Store, le joueur y incarne un habitant d’un petit village paisible, avec la liberté de personnaliser son cadre de vie et de mener diverses activités relaxantes. Parmi les caractéristiques annoncées, on retrouve notamment :
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Construction et décoration : le jeu permet de construire et agrandir sa maison, d’artisaner du mobilier et de décorer son village à son goût, pour créer son foyer de rêve. Ces fonctionnalités rappellent le système de décoration intérieure et d’aménagement d’île bien connu des fans d’Animal Crossing.
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Activités quotidiennes paisibles : les joueurs pourront cultiver des plantes, entretenir un jardin, pêcher des poissons dans les rivières ou en mer, et explorer les environs (forêts, plages, sentiers cachés) à la recherche de ressources naturelles. Là encore, ces passe-temps – pêche, jardinage, collecte d’insectes ou de ressources – font écho aux routines relaxantes qui ont fait le succès de la licence de Nintendo.
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Vie sociale et multijoueur : le village n’est pas peuplé que par le joueur seul. On nous promet la présence de villageois PNJ (personnages non-joueurs) avec qui interagir, ce qui rappelle les animaux voisins amicaux dans Animal Crossing. De plus, Anime Village Online met en avant un mode multijoueur : il sera possible d’inviter des amis dans son village, de visiter celui des autres et de coopérer en temps réel jusqu’à 10 joueurs en ligne pour s’entraider, échanger des objets et construire ensemble. Cette dimension communautaire en ligne vise manifestement à reproduire l’expérience sociale qu’Animal Crossing offre via ses fonctionnalités de visite d’îles et de partage entre amis.
En somme, presque tous les éléments de gameplay mis en avant par Anime Village Online semblent calqués sur la formule qui a fait le triomphe d’Animal Crossing: New Horizons – l’un des jeux les plus vendus sur Switch depuis sa sortie en 2020. La promesse d’un univers “cozy” où l’on « crée des souvenirs inoubliables dans un village de rêve » évoque directement le slogan du titre de Nintendo. Pour les joueurs familiers de la franchise, la filiation est évidente au point qu’il serait facile de croire à un véritable Animal Crossing sur PlayStation. Mais cette similarité assumée n’est pas sans soulever des questions, notamment du côté du véritable créateur de la licence originale.
Nintendo protège jalousement ses licences
La découverte de Anime Village Online n’a pas tardé à faire réagir la communauté, certains fans allant jusqu’à qualifier le jeu de “plagiat flagrant”. Sur les réseaux sociaux et les forums, beaucoup s’étonnent de voir une copie aussi manifeste d’un jeu Nintendo apparaître sur une console Sony, et s’interrogent : Nintendo laissera-t-il faire ? Historiquement, la firme de Kyoto est réputée pour protéger farouchement ses franchises et personnages. Nintendo a en effet un lourd passif de défense juridique de sa propriété intellectuelle : la moindre utilisation non autorisée de ses univers ou la ressemblance trop poussée d’un jeu concurrent avec l’une de ses licences peut entraîner des actions en justice ou des demandes de retrait immédiat.
Dans le passé, Nintendo n’a pas hésité à faire fermer des projets de fans s’inspirant de Mario, Zelda ou Pokémon, ni à exiger le retrait de contenus qu’il juge trop proches de ses œuvres. Plus spécifiquement, ce n’est pas la première fois qu’un sosie d’Animal Crossing tente sa chance hors de l’écosystème Nintendo. Plus tôt cette année, un autre titre au nom évocateur (Anime Life Sim) avait brièvement fait son apparition sur le PS Store, avant de disparaître mystérieusement quelques jours plus tard, probablement suite à des pressions ou à une vigilance accrue sur ce type de copie.
Il est donc peu probable que Nintendo reste inerte face à Anime Village Online. Aucune réaction officielle n’a encore été communiquée par Nintendo, d’autant que le jeu n’est pour l’instant qu’en prévision pour 2027. Cependant, nombreux sont les observateurs qui estiment que ce « faux Animal Crossing » ne fera pas long feu sur le store de Sony. Il pourrait très bien être retiré dans un avenir proche, soit à l’initiative de Nintendo s’appuyant sur le droit d’auteur et la protection de son concept, soit de manière préventive par Sony pour éviter tout litige.
Fait notable, les créateurs de Anime Village Online semblent conscients de marcher sur une ligne juridique ténue. Sur la page de présentation, un avertissement indique que « tous les titres, marques et éléments visuels référencés appartiennent à leurs propriétaires respectifs » et que toute similarité serait voulue comme un hommage ou une satire, « sans intention de violation de copyright ». Cette tentative de disclaimer est assez inhabituelle dans une fiche de jeu vidéo et trahit la prudence du développeur. Reste à voir si cette précaution déclarative suffira à dissuader Nintendo et ses avocats – ce qui semble peu probable, tant la parenté avec Animal Crossing est évidente.
Inspiration ou plagiat ? Le dilemme des créateurs de jeux
L’affaire Anime Village Online met en lumière les enjeux délicats pour les créateurs de jeux s’inspirant de licences à grand succès. D’un côté, l’envie de reproduire une recette gagnante pour combler un manque sur une plateforme concurrente (ici, proposer aux joueurs PlayStation une expérience du type Animal Crossing, absent du catalogue Sony) est compréhensible et même courante dans l’industrie. S’inspirer des références du genre peut donner naissance à de nouveaux titres “feel good” appréciés d’un large public, sans pour autant que cela pose problème – à condition d’y apporter une touche originale suffisante.
D’un autre côté, la frontière entre l’hommage et le plagiat s’avère extrêmement fine. Lorsqu’une œuvre s’aligne un peu trop étroitement sur une franchise établie, elle s’expose à la fois au jugement sévère du public et aux ripostes des ayants droit. Les créateurs indépendants qui empruntent l’esthétique, les mécaniques et l’esprit d’un hit mondial comme Animal Crossing prennent le risque de frottements juridiques coûteux et d’une éventuelle interdiction pure et simple de leur jeu. Au-delà du coût légal, ils doivent aussi composer avec l’étiquette de “copieur” qui peut ternir leur réputation dans la communauté des joueurs.
Le cas de ce clone d’Animal Crossing sur PS5 illustre donc un dilemme persistant : jusqu’où peut-on pousser l’inspiration sans basculer dans la contrefaçon ? Il rappelle aux développeurs qu’il est crucial de trouver le bon équilibre entre s’inspirer d’un concept populaire et apporter une identité propre à son jeu. Dans un marché du jeu vidéo où les géants comme Nintendo défendent jalousement leurs propriétés, toute allusion trop appuyée à une licence phare peut devenir un pari dangereux. En conclusion, Anime Village Online aura servi d’avertissement : la créativité peut s’inspirer des succès existants, mais elle doit impérativement s’en démarquer suffisamment sous peine de voir l’aventure écourtée par des considérations juridiques.